- chocotte
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⇒CHOCOTTE, subst. fém.Arg. Dent. Se brosser les chocottes. Mézigue, bonit Cambronne; en collant sa chique entre ses chocottes (L. STOLLÉ, Douze récits historiques racontés en argot, 1947, p. 12). Se caler les chocottes. Manger (cf. ESN. 1966).— Expr. fig. [P. réf. aux dents qui claquent lorsqu'on a peur] Avoir les chocottes. Avoir peur. [H.] passait pour un coriace (...) mais il frissonna. L'autre lui flanquait les chocottes (A. LE BRETON, Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 33). Il allait avoir des chocottes terribles, ce vios, en me voyant soudain apparaître (A. SIMONIN, Le Cave se rebiffe, 1954, p. 137).Rem. 1. Attesté ds Lar. encyclop., DUB., ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr. 2. On rencontre ds la docum. le verbe chocotter. Claquer (en parlant des dents). Je suis pris par les tremblements... des mains... des jambes... de la figure... et de dedans partout... (...) ça trembloche comme dans une tempête, ça branle la carcasse, les dents qui chocottent (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 390).Prononc. et Orth. :[
]. Lar. encyclop., DUB., ROB. Suppl. 1970 et Lar. Lang. fr. enregistrent la vedette au pluriel. Étymol. et Hist. 1. 1878 arg. des chiffonniers « os gras » (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, p. 65); 2. 1907 « dent » (FRANCE); 1914-18 avoir les chocottes « avoir peur » (21e chasseurs à pied ds A. DAUZAT, L'Arg. de la guerre, 1918, p. 253). Orig. obsc.; peut-être var. de chicot (« fragment de dent » et « reste de chose rompue », cf. FEW t. 13, 2, p. 368a) sous l'infl. des mots de la famille de choc (cf. chokète « morceau de pain qu'on donne au mendiant » FEW t. 17, p. 50b, également sous l'étymon
— cf. souche — t. 13, 2, p. 350b). Le sens de « avoir peur » est peut-être issu de l'idée de claquer les dents mais on pourrait aussi y voir une racine onomatopéique
- (cf. Pat. Suisse rom. t. 4, p. 1) d'ailleurs difficile à séparer de
« frisson » (FEW t. 17, p. 50b), chòkè « claquer des dents » (FEW t. 17, p. 50a), voire même de choc « ébranlement nerveux du corps » (ibid., p. 50b). Bbg. SAIN. Lang. par. 1920, p. 256; Sources t. 2 1972 [1925] p. 50.
chocotte [ʃɔkɔt] n. f.❖♦ Argot anc. || Les chocottes : les dents. || « Brosse à chocottes » (in Esnault). — Au sing. (moins cour.). || Une chocotte.1 (…) il chevrote… il crisse… c'est son rire… toutes ses chocottes qui s'entrecognent… ses mâchoires qui claquent… comme un tic qui le prend… une crise… et puis il s'arrête (…)Céline, le Pont de Londres, p. 174.♦ ☑ (1916, argot milit.). Loc. fam. Avoir les chocottes : avoir peur (claquer des dents; → Avoir les jetons). || Les chocottes : la peur.2 (…) saturé de la morne angoisse des bombes atomiques (…) il s'est bien régalé d'un subtil relent de trouille ancestrale, de ces bonnes vieilles chocottes qui resserrent le clan (…)Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 200.
Encyclopédie Universelle. 2012.